Justice pour Nooran – il avait 15 ans

À Harambec, nous joignons nos voix pour exiger justice pour Nooran, 15 ans, arraché à sa famille, à ses ami·e·s, à sa communauté — arraché à la promesse d’une vie par une violence intolérable, que notre société continue pourtant de tolérer.

Le meurtre de Nooran résonne douloureusement avec trop d’histoires — celles d’enfants, de mineur·e·s, d’ados harcelé·e·s dès leur plus jeune âge. Celles de jeunes dont le quotidien est marqué par des « rencontres » répétées avec des « agents de l’ordre », rencontres qui deviennent trop souvent le seuil de la perte d’innocence. Des histoires de jeunes traité·e·s comme des adultes, comme des citoyen·ne·s de seconde zone, comme des cibles.

Tout l’été, nous avons partagé avec vous des photos, vidéos, stories et reels de nos moments de joie avec des jeunes venu·e·s de tous les coins de Montréal : nos sourires, nos fous rires, nos danses, nos tournois de volley-ball, nos chaises musicales.

Mais nous gardons pour nous les moments plus personnels, plus lourds — ceux où nous avons essayé d’être là pour elleux, même quand nous étions nous-mêmes dépassé·e·s par la violence déployée contre nos enfants. Ces instants où nous reconnaissons dans leurs expériences ce que nous avons déjà vécu : la surveillance constante et la déshumanisation. Parce que trop souvent, et nous le savons, le simple fait que des enfants racisé·e·s se rassemblent suffit à déclencher un mécanisme de contrôle.

La mort de Nooran est la pire expression de ce système. Le pire de ce qui peut arriver dans un monde où le pire est programmé contre nos jeunes — puis justifié, puis excusé.

Déjà, la machine médiatique s’empare de sa mort pour désincarner l’assassin. On parle d’un adolescent « tué par balle », comme si cette balle flottait seule dans l’air. On parle d’un policier « placé sous protection », comme si l’empathie la plus urgente devait aller à celui qui a tiré. Pendant ce temps, des parents pleurent leur enfant. Des camarades tentent de faire sens du vide. Une communauté entière est brisée par une mort aussi absurde qu’injustifiable.

Parce que ça ne fait aucun sens. Aucun. Qu’un enfant soit abattu par un adulte en uniforme n’a aucun sens. Et ne devrait jamais en avoir. Ça ne peut faire sens que dans l’horreur d’un système fondé sur la violence contre nos corps, nos vies, nos enfants.

À Harambec, nous demandons justice pour Nooran.

Et par justice, nous n’entendons rien de moins que ceci :
– le définancement de la police
– la relocalisation de ces fonds vers des services de soutien, d’aide et de soin aux communautés — notamment, et surtout, à celles les plus durement touchées par la violence d’État.

Il ne peut y avoir de justice tant que l’intolérable se poursuit

Nous offrons nos plus sincères condoléances à la famille Rezayi – Une vigile sera tenue le samedi 27 septembre à partir de 14h à l’intersection des rues Monaco et Joseph-Daigneault Saint-Hubert