Depuis des décennies, le peuple congolais subit un cycle de violence, d’exploitation et de dépossession orchestré par des puissances impérialistes et leurs relais régionaux. Derrière le silence complice de la communauté internationale, un pillage systématique des ressources du Congo alimente les industries mondiales, au prix de millions de vies sacrifiées et de violences inhumaines multiples.
La situation en RDC, qui dure depuis plus de 30 ans, n’est pas une guerre « interne » ni une simple « guerre civile », comme certain·e·s le dépeignent, mais un conflit prolongé par l’intervention de puissances étrangères avides de ressources, soutenues par des dynamiques impérialistes. En conséquence de quoi, plus de 6,3 millions de Congolais·e·s ont été déplacés·e·s et 1,1 million ont trouvé refuge dans les pays voisins parmi lesquels se comptent des enfants. A noter que pour une grand partie d’entre ielleux, cela débute un cycle de déplacement sans fin à mesure que se déplacent les forces armées, mais également qu’évoluent les politiques d’asile et les ressources d’aide (non) misent à disposition par les différents nations adjacentes
Des centaines de milliers de personnes ont subi d’inimaginables violences sexuelles, viols, tortures et mise en esclavage, des violences systématisées à large échelle et utilisées comme armes de guerre. Par exemple, l’ONU a enregistré plus de 90 000 cas de violences sexuelles liée à l’actualité du Nord-Kivu en 2023 seulement. Un chiffre qui ne fait que présager le pire des violences actuellement perpétrées.
Le 25 janvier 2025, la prise de Goma par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, a exacerbé une crise humanitaire déjà dévastatrice dans l’est de la République Démocratique du Congo. On compte déjà plus de 3000 morts et les cas de viols recensés ont été multipliés par cinq, 30% concernant des enfants. Goma a été précédée par des dizaines de villes et villages, et suivie par la ville de Bukavu en février 2025. Le tout sachant que le M23, le Rwanda et l’Ouganda annoncent ne pas vouloir en rester là. Des milliers de vies ont été perdues, et des millions de Congolais·e·s ont fui une violence sans fin alimentée par des intérêts géopolitiques et économiques qui assurent non seulement l’impunité mais déploient également tout leur soutien aux parties agresseuses depuis bien trop longtemps.
Le Canada se présente comme un leader mondial en matière de politique étrangère féministe, mettant en avant son engagement envers les droits des femmes et des filles dans les contextes de conflits. Pourtant, cette politique d’« aide féministe » s’avère largement inconsistante lorsqu’il s’agit de la République Démocratique du Congo. Alors que les violences sexuelles sont employées de manière systémique contre les congolais·e·s, le Canada demeure complice par son inaction et son silence face aux responsabilités des acteurs régionaux et internationaux dans la poursuite de cette guerre.
Au-delà de son discours humanitaire, le Canada continue d’entretenir des relations diplomatiques et économiques avec des États impliqués dans le pillage du Congo, notamment le Rwanda et l’Ouganda, tout en ne remettant pas en cause la participation d’entreprises canadiennes dans l’exploitation des ressources minières congolaises. Malgré ses déclarations de soutien aux droits humains, le gouvernement canadien n’a pris aucune mesure concrète pour sanctionner ces États ou imposer une traçabilité stricte sur les minerais extraits dans des conditions de guerre et de violations massives des droits.
Cette contradiction flagrante entre le discours officiel et les pratiques diplomatiques et économiques du Canada illustre l’hypocrisie des politiques d’aide internationale dites féministes, qui se veulent progressistes en façade tout en s’inscrivant dans une continuité impérialiste.
À Harambec, nous dénonçons le racisme et la xénophobie derrière la réponse internationale face à la crise congolaise. Nous observons avec une profonde colère et inquiétude que les luttes du peuple congolais semblent recevoir moins de soutien et d’empathie que d’autres causes.
Cette « empathie à deux vitesses » est une conséquence directe de l’impérialisme moderne et du racisme structurel. Les souffrances des peuples Noirs, notamment ceux d’Afrique subsaharienne, sont minimisées, tandis que l’attention internationale se tourne vers des causes où les corps Noirs ne sont pas au centre des préoccupations. Cette dynamique illustre bien la hiérarchisation des vies humaines, et la perpétuation de la nécropolitique, où les corps Noirs sont considérés comme jetables, non seulement en Afrique, mais aussi dans le monde arabe, dans les luttes diasporiques, et au sein même des luttes anticoloniales mondiales.
Face à la situation actuelle en République Démocratique et aux violences perpétrées sur les civil·e·s, notre position reste anti-impérialiste et anti-capitaliste. Nous portons un regard critique des alliances, de la solidarité sélective et du racisme structurel qui détermine l’intensité des réponses internationales face aux souffrances des peuples Noirs.
Le soutien à la lutte de la RDC passe par un engagement radical : exiger une transparence totale sur l’exploitation et la circulation des minerais congolais. L’exploitation des ressources du Congo et l’oppression de son peuple doivent cesser, et cela commence par une mobilisation collective, par la dénonciation publique des gouvernements instigateurs, des agressions et crimes perpétrés par les forces rwandaises et ougandaises et par un soutien sans faille aux initiatives locales.
Nous devons diffuser l’actualité congolaise dans toutes ses horreurs, refuser cette hiérarchie de souffrances, exiger justice pour le peuple congolais et la fin du genocide.